Comme
chaque année, les associations religieuses de la Camargue se rendent en
pèlerinage à Lourdes pour exprimer leur foi et leur gratitude dans ce
sanctuaire sacré, respecté par des millions de fidèles et de croyants venus du
monde entier.
Profitant
de cet événement, l'agence de voyages des Cars Pons nous a proposé de pouvoir
participer aux mêmes manifestations que ces dizaines d'Arlésiennes costumées
comme au 19ème siècle et ces dizaines de gardians avec leurs chapeaux et leurs
vestes en velours noir.


Dès
notre arrivée, le vendredi soir, après nous être restaurés à notre hôtel, la
célèbre procession aux flambeaux nous a plongés sans transition dans l'émotion
du sanctuaire.

La
journée du lendemain était laissée entièrement libre aux initiatives de chacun.
Selon sa propre curiosité, ses propres intentions, qu’elles soient religieuses
ou touristiques ou les deux à la fois, les propositions d'activités étaient
suffisamment nombreuses pour occuper son temps.
A
l'intérieur du sanctuaire on pouvait accompagner les Camarguais dans les
offices où la liturgie et les chants était traduits en dialecte provençal.
Pour
se rendre à la salutation de la Grotte des apparitions, une procession était
organisée avec une trentaine de cavaliers équipés de leur trident. Certains
avaient du mal à maîtriser leur monture qui piaffaient d'impatience,
impressionnés par la foule qui les entourait.

Cinq
milles personnes assistaient à la messe du dimanche à l'église Sainte
Bernadette.

A
l'extérieur, on pouvait visiter la maison paternelle de Bernadette, la jeune
voyante et future sainte canonisée. C'est un ancien moulin où le père Soubirous
exerçait honnêtement son métier de meunier. Jusqu'à ce qu'un cambriolage, chez
un notable, mit toute la bourgeoisie de Lourdes en émoi. Il fallait à tout prix
trouver le ou les coupables de ce méfait. N'ayant pas d'indices exploitables,
la police a arrêté le père de Bernadette sous le seul prétexte qu'étant pauvre,
il était susceptible d'avoir commis le
cambriolage. Après plusieurs jours de prison, sans preuves ni aveux, on finit
par relâcher ce pauvre homme. Mais le déshonneur lui est resté, il perdit son
emploi et son logement de fonction.
Sa
famille ne sachant plus où loger, le maire leur octroya un ancien cachot
désaffecté. Ce cachot on peut le visiter et constater la précarité dans
laquelle grandit Bernadette.
Si
elle se rendait souvent dans la grotte de Massabielle, c'était surtout parce
que c'était la décharge de l'hôpital et que parfois on pouvait y trouver
quelques restes consommables. Beaucoup de rancœur et de révolte envers cette
bourgeoisie implacable animait l'esprit de la pauvre enfant.

Lourdes
en miniature restitue avec précision l'aspect de la ville à l'époque des
apparitions (1858).
Certaines
maquettes des monuments sont de véritables chefs-d’œuvre.

Depuis
le dimanche matin de bonne heure, un flot humain impressionnant s'est engouffré
toute la matinée dans le sanctuaire pour se rendre aux différents offices.
Messes et processions ont fait vibrer l'espace de chants et de litanies.
L'après-midi,
il nous fallut repartir le cœur un peu serré mais plein d'espoir, car malgré
toutes les épreuves subies depuis près de 150 ans par notre pays (la chute du
second Empire, le désastre de Sedan, les deux guerres mondiales, les guerres
coloniales) la ferveur n'a jamais faibli ; Elle est toujours aussi
vivante. La petite Bernadette a bien mérité la récompense que la dame de la
grotte lui avait promis pour l'éternité.
Paul BOISSET